Il fut un temps où le 24 juin résonnait comme une date majeure du calendrier national. Sous le régime de Mobutu, la journée du poisson était célébrée avec faste : discours solennels à Kinkole, démonstrations de force économique, et promesses d’une industrie halieutique florissante. Le poisson, ressource vitale pour des millions de Congolais, était alors érigé en symbole de prospérité.
Aujourd’hui, cette journée n’est plus qu’un souvenir lointain, une date qui passe inaperçue, comme effacée de notre mémoire collective.
En 2025, seule une allocution discrète du ministre de la Pêche et Elevage a marqué l’événement. Aucune politique ambitieuse, aucun projet structurant, aucune annonce capable de redonner espoir aux pêcheurs et aux acteurs du secteur. Juste le silence, l’indifférence, et une question lancinante : à quoi sert encore cette journée, si ce n’est à rappeler l’abandon d’un secteur autrefois stratégique ?
La pêche en RDC n’est pas seulement une activité économique, c’est une question de survie pour des milliers de familles riveraines du fleuve Congo, du lac Tanganyika, ou du lac Kivu. Pourtant, depuis des années, les pêcheurs naviguent à vue, sans soutien étatique, sans infrastructures de conservation, sans accès crédible aux crédits ou aux marchés. Les promesses se sont envolées, mais les difficultés, elles, persistent : braconnage, manque d’équipements, concurrence déloyale des importations, et désorganisation chronique.
Le Gouvernement, lui, semble avoir choisi la politique de l’évitement. Plutôt que d’assumer ses responsabilités, il préfère laisser la journée du 24 juin s’éteindre dans l’indifférence. Comme si, en ne disant rien, il pouvait échapper aux critiques sur son inaction.
Il est ironique – et tragique – de constater que la RDC, pays au potentiel halieutique immense, importe aujourd’hui une bonne partie de son poisson, faute d’une politique cohérente. Les lacs et rivières regorgent de ressources, mais les pêcheurs locaux peinent à vivre dignement de leur travail.
Que faudrait-il ? De grandes mesures concrètes bien sûr.
Mais pour cela, il faudrait encore que les autorités considèrent la pêche comme une priorité, et non comme un simple sujet de discours oublié dès le 25 juin.
Le 24 juin ne devrait pas être une simple date dans un almanach poussiéreux. Il devrait être l’occasion de réfléchir, de planifier, d’agir. Si le Gouvernement ne croit plus en cette journée, qu’il l’abroge. Mais s’il la maintient, qu’il assume enfin ses responsabilités envers ceux qui nourrissent le pays.
La RDC a besoin de plus que du silence. Elle a besoin d’une vision. Sinon, la journée de la pêche ne sera bientôt plus qu’une relique du passé, comme tant d’autres promesses non tenues.
MAP/RDC