La célébration de la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse s’est tenue le lundi 5 mai 2025, dans le cadre d’une cérémonie solennelle organisée au Fleuve Congo Hôtel. Cet événement de grande envergure a été présidé par le Chef de l’État, Félix Tshisekedi Tshilombo, en présence de nombreuses personnalités influentes du monde politique, des médias, de la société civile, ainsi que des représentants de diverses institutions publiques et privées.
Cette rencontre a également été l’occasion d’échanger sur les avancées, les enjeux et les perspectives de développement du secteur médiatique en RDC, tout en soulignant la nécessité de renforcer la solidarité entre les acteurs de la presse pour garantir un environnement où l’information peut circuler librement, de manière responsable et indépendante.
Au cours des panels les intervenants ont mis en lumière les opportunités offertes par les nouvelles technologies, notamment l’intelligence artificielle, qui peut à la fois renforcer la qualité du travail journalistique tout en posant de nouveaux défis en matière de vérification des faits et de lutte contre la désinformation. À travers leurs témoignages, ils ont évoqué les risques liés à la propagation de fausses informations, en particulier dans un contexte de conflit et d’insécurité, où la manipulation de l’information peut avoir des conséquences désastreuses pour la paix et la stabilité.
Parmi les intervenants de renom, Melshor Essomassor, expert en intelligence artificielle reconnu pour sa maîtrise des enjeux technologiques, a porté un regard éclairé sur les défis et les opportunités que présente l’IA dans le domaine du journalisme. Aux côtés de lui, Kamanda Wa Kamanda, Président de l’Union nationale de la Presse Congolaise(UNPC), ainsi que le Professeur N’sana Bitendu, spécialiste en sciences de l’information, ont conjointement démontré l’importance d’un usage responsable et réfléchi de l’intelligence artificielle dans le secteur médiatique.
Lors de leur allocution, ces experts ont mis en évidence la révolution profonde que connaît aujourd’hui le paysage de l’information, notamment à l’ère de l’IA générative. Ils ont souligné comment ces technologies innovantes bouleversent non seulement la manière dont le contenu est produit, mais aussi les responsabilités éthiques et éditoriales des praticiens de la presse. En effet, cette nouvelle vague technologique pose des questions fondamentales autour des risques de manipulation accrue des données, de la diffusion de fausses informations, ainsi que de la nécessité pour les journalistes et les responsables de médias de développer de nouvelles compétences pour authentifier et vérifier la véracité des contenus générés par l’IA.
« Je suis officiellement utilisateur Top Tier des APIs d’OpenAI et bêta-testeur des nouveaux modèles. Depuis 2022, avec Fatshimetrie.org, je développe ce qui est sans doute le premier média congolais automatisé, conçu pour Générer du contenu à partir de données publiques (plus d’un million d’articles indexés en 6 langues différentes); Produire des indicateurs dynamiques et démontrer par l’usage comment l’IA peut servir la transparence, l’analyse et la structuration de l’information. », a expliqué Melshor Essomassor, expert en intelligence artificielle.
Et d’ajouter : « Là où beaucoup parlent d’IA, je m’efforce d’en démontrer les usages, ici et maintenant, dans un contexte local, complexe et exigeant. Dans l’audience, certains journalistes ont reconnu avoir consulté les articles de Fatshimetrie.org, l’avoir utilisé pour leur monitoring, sans savoir qu’aucun humain n’en est l’auteur, à part moi qui teste les codes et les modèles. »
Par ailleurs, Melshor Essomassor a également abordé la récente polémique qui agite le débat public concernant l’impact de l’intelligence artificielle sur l’emploi et la vie professionnelle de nombreux acteurs. Il a souligné que cette inquiétude, largement relayée dans certains cercles, repose en partie sur une vision alarmiste qui veut faire croire que l’IA pourrait, à terme, supprimer massivement des emplois et conduire à une suppression généralisée des activités humaines dans certains secteurs.
Cependant, Melshor Essomassor a rappelé qu’il est essentiel de relativiser ces enjeux et d’adopter une analyse équilibrée. Selon lui, si l’intelligence artificielle engendre effectivement des transformations profondes dans le monde du travail, elle ne doit pas être perçue uniquement comme une menace, mais aussi comme une opportunité d’évolution et d’innovation.
« L’intelligence artificielle ne menace pas le journalisme congolais. Elle nous pousse à réinventer nos méthodes, à renforcer notre esprit critique, et à bâtir de nouvelles alliances entre l’humain et la machine.
C’est par l’expérimentation et la rigueur que nous répondrons aux défis de demain», a-t-il souligné.
BENNY LUTALADIO