Kinshasa, la capitale congolaise, est depuis un moment le théâtre d’une montée inquiétante des braquages et des vols à main armée. Dans un contexte où l’insécurité ne cesse de gagner du terrain, le Président Félix Tshisekedi s’est vu contraint, ce vendredi 6 juin 2025, d’ordonner à ses ministres sectoriels de mobiliser les services compétents afin de restaurer l’ordre et protéger les citoyens.
Les récents événements survenus à Kinshasa témoignent d’un phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Désormais, les criminels opèrent en plein jour, ciblant des zones à forte affluence: quartiers résidentiels, axes routiers principaux, marchés et établissements publics. Le compte rendu du conseil de ministres souligne que le dernier cas marquant remonte au 30 mai 2025, lorsqu’une bande de braqueurs s’est attaquée à des cambistes sur le site de l’Université de Kinshasa (UNIKIN). Armés, circulant à moto, ils ont tiré en l’air, semant la panique parmi la communauté estudiantine.
Face à cette situation, le Président de la République a rappelé que « l’impératif est de rétablir l’ordre, la sécurité et la confiance des citoyens ». Il a donc instruit le Vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et de la Sécurité, Jacquemain Shabani, le Vice-Premier ministre de la Défense, Guy Kabombo Mwadianvita, et le ministre d’État chargé de la Justice, Constant Mutamba, « à mobiliser sans délai les services compétents pour mettre en œuvre une riposte vigoureuse, coordonnée et durable à cette vague criminelle ».
Une intervention tardive?
Si l’exécutif se mobilise aujourd’hui, la question demeure: pourquoi faut-il l’instruction expresse du Chef de l’État pour que les ministres compétents réagissent? Dans un pays où la sécurité urbaine relève de la responsabilité quotidienne de ces ministères, ce rappel à l’ordre traduit-il un manque d’anticipation ou une inertie administrative?
Les actions décidées par Tshisekedi incluent un renforcement des opérations de sécurité sur l’ensemble du territoire urbain de Kinshasa, des patrouilles intensifiées dans les zones sensibles, une augmentation des effectifs policiers et militaires, ainsi que la poursuite de l’opération Ndobo. À cela s’ajoutent des sanctions plus sévères contre les auteurs de ces actes criminels et la tenue de procès publics pour « favoriser l’exemplarité et la dissuasion, avec transfert des condamnés dans des prisons éloignées de leur milieu d’origine afin d’empêcher tout réseautage criminel ».
Une ville plongée dans l’insécurité
Si ces mesures sont mises en œuvre, elles suffiront-elles à enrayer un phénomène persistant? La ville de Kinshasa vit depuis des années sous la menace des kuluna, ces bandes urbaines qui avaient connu une accalmie, mais qui semblent ressurgir avec le ralentissement de l’opération Ndobo. Les habitants, eux, espèrent que cette nouvelle mobilisation gouvernementale ne sera pas qu’un simple effet d’annonce.
MAP/RDC