Cinq ans après sa création, l’Agence nationale de l’électrification et des services énergétiques en milieux rural et périurbain (ANSER) dresse un bilan à mi-parcours, révélant à la fois des avancées significatives et des défis encore à relever. Ce jeudi 17 juillet 2025, au cours d’un Briefing presse animé par le ministre de la communication et médias, Patrick MUYAYA, le Directeur général adjoint de l’agence, Damien Twambilangana Mukongo, a présenté les principales réalisations ainsi que les perspectives d’avenir de cette institution clé. il a souligné par ailleurs l’impact des initiatives en cours dans la transformation du secteur énergétique, issue de la réforme du secteur électrique entamée il y a cinq ans.
Créée en 2020, en réponse à la libéralisation du secteur électrique engagée en 2008 puis concrétisée en 2014, l’Agence nationale de l’électrification et des services énergétiques en milieux rural et périurbain (ANSER) a pour mission prioritaire de lutter contre la précarité énergétique dans ces zones souvent marginalisées. Longtemps négligées par les opérateurs traditionnels, ces régions présentent un défi majeur en matière d’accès à l’électricité, ce que l’ANSER s’efforce de relever en développant des solutions innovantes et durables. Son objectif est de favoriser l’inclusion énergétique, de réduire les inégalités sociales, et d’accélérer le développement socio-économique dans ces zones vulnérables, en posant les bases d’un avenir plus équitable et accessible à tous.
« La SNEL intervient principalement dans les zones urbaines, tandis que l’ANSER se concentre sur les milieux ruraux et périurbains, là où l’offre est quasi inexistante», a rappelé Damien Twambilangana.
La première phase des activités a été consacrée à l’élaboration d’une planification territoriale précise, notamment à travers la mise en place des Plans Locaux d’Électrification.
« La RDC compte 145 territoires. Aujourd’hui, nous avons une stratégie d’électrification propre à chacun d’eux, en tenant compte de leurs réalités spécifiques », a expliqué le DGA
Sur plus de 1 100 projets identifiés à l’échelle nationale, 270 ont été intégrés dans le Programme d’Investissement Prioritaire, témoignant d’un processus stratégique et structuré. Actuellement, 65 de ces projets sont en cours de réalisation, 22 sont déjà achevés, tandis que 43 autres progressent à un rythme moyen de 60 %, ce qui traduit une dynamique positive et une mobilisation soutenue pour étendre l’accès à l’électricité dans toutes les zones vulnérables du pays.
En matière de production énergétique, l’objectif initial de l’ANSER était de générer 744 mégawatts en l’espace de cinq ans. Cependant, à ce jour, seulement 30 MW ont pu être produits, ce qui représente une performance modeste mais néanmoins notable, compte tenu des nombreux défis financiers, techniques et structurels rencontrés tout au long de la mise en œuvre. Malgré ces contraintes, l’agence souligne avoir réussi à mobiliser environ 50 millions de dollars de fonds d’investissement durant cette même période, illustrant sa capacité à attirer des ressources indispensables pour soutenir ses projets et ses initiatives.
Cependant, pour les cinq prochaines années, l’ANSER se fixe des ambitions résolument plus audacieuses et ambitieuses, visant à accélérer significativement l’électrification et le développement durable des zones rurales et périurbaines.
Le défi que nous avons pour les cinq ans à venir, c’est d’atteindre 52 % de taux d’électrification dans les zones rurales. Nous sommes appelés à développer plus ou moins 8 000 MW, et cela est possible. Nous avons une bonne expérience et des grandes capacités d’atteindre cet objectif », a assuré Damien Twambilangana.
L’impact attendu de ces initiatives est d’envergure : près de 40 millions de Congolais, répartis dans environ 5 millions de ménages, devraient bénéficier directement de ces projets d’électrification. Cette transformation majeure vise à réduire la fracture énergétique, à favoriser la croissance économique et à améliorer substantiellement la qualité de vie dans les zones rurales et périurbaines. Pour concrétiser cette vision ambitieuse, le budget nécessaire est estimé à environ 5 milliards de dollars, mobilisés d’ici 2030 à travers des partenariats publics et privés.
L’ANSER : un levier stratégique pour l’électrification et le développement durable en RDC
L’ANSER veut faire de l’électrification un moteur transversal du développement : santé, éducation, agriculture, environnement et industries extractives. Pour mieux agir, le territoire est divisé en six zones régionales, avec des projets phares comme la centrale de Bonga Yassa et la réhabilitation de Lumumba-ville.
Malgré des progrès, l’agence fait face à des lenteurs administratives et à un faible intérêt des opérateurs privés dans les zones rurales, avec seulement 20 titres d’opération délivrés. Sa mission, initialement de financement, s’est aussi recentrée sur la production directe d’électricité pour pallier ces difficultés.
Aujourd’hui, seul 1 % des zones rurales est électrifié, contre 20 % en tout le pays. La feuille de route vise à inverser cette tendance d’ici 2030, pour un accès équitable à l’énergie pour tous.
BENNY LUTALADIO