Après une absence de 10 jours, Jacques Kyabula Katwe réapparaît à Lubumbashi, confirmant son déplacement prévu à Kinshasa

Disparition mystérieuse, retour triomphal – le feuilleton Jacques Kyabula prend un nouveau tournant. Après dix jours d’absence inexplicable suite à sa convocation à Kinshasa, le Gouverneur « suspendu » du Haut-Katanga a fait une réapparition surprise ce jeudi dans le quartier Golf de Lubumbashi, accueilli en héros par ses partisans. Alors que la raison de sa disparition et les conditions de son retour demeurent troubles, une question brûle toutes les lèvres : quels jeux d’influence se trament dans l’ombre entre Lubumbashi et Kinshasa ? Entre tentative de fuite avortée et négociations secrètes, le suspense reste entier alors que l’homme fort du Katanga s’apprêterait à prendre ce week-end la route de la capitale pour un ultime bras de fer politique. Un rendez-vous décisif où il jouera peut-être sa dernière carte… ou scellera son retour en grâce.

La scène avait des allures de retour de héros. Ce jeudi, dans le quartier huppé de Golf à Lubumbashi, Jacques Kyabula Katwe, gouverneur suspendu du Haut-Katanga, est soudainement réapparu en public après dix jours de mystérieuse disparition. Accueilli par une foule en liesse scandant «Wa Ndani» (littéralement « celui de l’intérieur », en référence à son réseau supposé), l’homme a savouré son bain de foule, comme pour afficher un retour en force. Pourtant, l’énigme demeure : où était-il passé depuis sa convocation par le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur? Et surtout, pourquoi ce retour soudain ?

Une disparition qui alimente les spéculations

Depuis son discours controversé du 1er juillet 2025 à Lubumbashi – où il aurait tenu des propos jugés incendiaires par le pouvoir central –, Jacques Kyabula était sous le feu des projecteurs. Convoqué à Kinshasa pour s’expliquer, le gouverneur a préféré disparaître des radars, alimentant rumeurs et théories. Certains évoquaient une fuite vers un pays voisin, d’autres une retraite stratégique dans l’attente d’un accord politique.

«L’intention de fuir était manifeste. Il a tenté de quitter le pays par différents postes frontaliers, mais les services de sécurité étaient en alerte», affirme une source sécuritaire sous couvert d’anonymat. Pourtant, contre toute attente, Kyabula a finalement refait surface à Lubumbashi, sans avoir honoré sa convocation à Kinshasa. Un retour qui sent le calcul politique.

Le retour du «Wa Ndani » : stratégie ou dernier baroud d’honneur ?

En réapparaissant dans son fief de Lubumbashi, Jacques Kyabula a envoyé un message clair : il conserve un soutien populaire, du moins dans le Haut-Katanga. Ses partisans, visiblement organisés, l’ont accueilli en héros, comme pour défier les autorités centrales. Mais derrière cette démonstration de force se cache une question cruciale : Qui tire les ficelles de ce retour ?

Selon des sources bien informées, le Gouverneur suspendu aurait reçu des «assurances » de certains parrains politiques à Kinshasa. «Kyabula a négocié en coulisses. Il sait que son retour au gouvernorat est possible, à condition que les bons arrangements soient faits », confie un acteur politique katangais. D’autres évoquent des « billets verts » ayant circulé pour apaiser les tensions et sécuriser son avenir politique.

Le rdv crucial de Kinshasa  

Officiellement, Jacques Kyabula est toujours attendu à Kinshasa pour s’expliquer devant le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur. Certains observateurs estiment que son absence prolongée équivaut à une provocation, tandis que d’y voir une manœuvre pour gagner du temps en attendant un éventuel apaisement politique.

«Il joue avec le feu. S’il ne se présente pas rapidement, le pouvoir central pourrait durcir le ton », prévient un analyste politique. Mais d’autres suggèrent que son retour à Lubumbashi n’est qu’une étape avant un déplacement négocié vers la capitale.

Retour en grâce ou chute définitive ? Difficile à dire. 

Cependant, plusieurs issues sont désormais envisageables : la réhabilitation : si Kyabula parvient à convaincre ses protecteurs à Kinshasa, il pourrait être blanchi et réinstallé dans ses fonctions, moyennant un mea culpa public; la chute : s’il persiste dans son refus de coopérer, le pouvoir central pourrait officialiser son limogeage et lancer des poursuites, notamment pour incitation au trouble ou détournement de fonds (une accusation souvent utilisée dans ce genre de cas); le statu quo : le régime pourrait aussi laisser traîner l’affaire, espérant que l’usure du temps affaiblisse Kyabula.

Un feuilleton politique aux rebondissements incertains

Le retour spectaculaire de Jacques Kyabula à Lubumbashi marque un nouveau chapitre dans cette saga politico-administrative. S’il a montré qu’il conserve une base solide dans le Haut-Katanga, son avenir dépendra désormais des tractations en cours à Kinshasa.

Une chose est sûre : ce week-end s’annonce décisif. Soit le gouverneur suspendu se rend enfin à Kinshasa pour tenter de sauver sa carrière, soit il prend le risque de couler comme le Titanic, emporté par une vague de mesures coercitives.

BENNY LUTALADIO

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