André Wameso nommé à la tête de la BCC : un homme clé du cercle présidentiel mène la politique monétaire

Après des années d’influence discrète dans les coulisses du pouvoir, André Wameso accède enfin au poste de Gouverneur de la Banque Centrale du Congo (BCC), par ordonnance présidentielle. Député national et ancien directeur de cabinet adjoint  du chef de l’État en charge des dossiers économiques, cet homme de confiance a été l’artisan des négociations clés du régime, du FMI à Dan Gertler en passant par les contrats miniers chinois. Mais aujourd’hui, il quitte l’ombre pour la lumière : à lui désormais de redresser l’image d’une BCC critiquée pour son opacité, tout en préservant la stabilité monétaire d’une économie congolaise en pleine mutation. Un défi de taille pour ce fidèle parmi les fidèles.

Le paysage économique congolais vient de connaître un tournant majeur avec la nomination, ce mercredi soir, d’André Wameso au poste de Gouverneur de la Banque Centrale du Congo (BCC). Cette décision, officialisée par une ordonnance présidentielle lue sur les antennes de la télévision nationale, met fin à des mois de suspense et de spéculations.

UN PARCOURS POLITIQUE ET ECONOMIQUE BIEN TRACE

André Wameso n’est pas un novice dans les arcanes du pouvoir. Élu député national de Songololo, dans la province du Kongo Central, il a surtout marqué les esprits en tant que Directeur de cabinet adjoint du Chef de l’État en charge des questions économiques et financières. Un poste stratégique qui lui a permis de se positionner comme l’un des principaux architectes de la politique économique du Gouvernement.

Son ascension à la tête de la BCC apparaît ainsi comme l’aboutissement logique d’une carrière jalonnée de missions sensibles. Expert des négociations internationales, Wameso a été au cœur des discussions ayant abouti à l’accord avec le Fonds monétaire international (FMI) en juillet 2021. Il a également joué un rôle clé dans la renégociation des contrats miniers chinois et dans les pourparlers délicats avec l’homme d’affaires israélien Dan Gertler. Plus récemment, le Président Félix Tshisekedi l’a chargé de piloter le deal «mines contre sécurité» en collaboration avec les États-Unis.

UNE SUCCESSION SOUS LE SIGNE DE LA CONTINUITE… ET DU CHANGEMENT

André Wameso prend la suite de Malangu Kabedi-Mbuyi, dont le mandat n’a pas été reconduit avant son terme initial de cinq ans. Si les raisons exactes de ce départ prématuré restent floues, plusieurs observateurs pointent du doigt le manque de communication et l’isolement de l’ancienne gouverneure, qui a peu interagi avec les acteurs économiques et le grand public durant son passage à la BCC.

Le nouveau Gouverneur de la BCC hérite d’une institution dont les indicateurs macroéconomiques semblent relativement stables : un taux d’inflation maîtrisé, des réserves internationales en légère hausse et une croissance économique soutenue. Cependant, il devra rapidement faire face à plusieurs défis de taille :

Rétablir la confiance et la transparence : La BCC a longtemps été perçue comme une institution opaque. Wameso devra rompre avec cette image en instaurant un dialogue régulier avec les banques commerciales, les investisseurs et la population.

Stabiliser le franc congolais : malgré une relative stabilité récente, la monnaie nationale reste vulnérable aux fluctuations des cours des matières premières et aux pressions inflationnistes.

Moderniser la politique monétaire : La digitalisation croissante de l’économie et l’émergence des cryptomonnaies imposent une adaptation des mécanismes de régulation.

Renforcer la collaboration avec le Gouvernement : en tant qu’ancien Conseiller économique du président de la République, Wameso devra trouver le juste équilibre entre indépendance de la BCC et alignement avec les priorités gouvernementales.

UN NOUVEL ARRIVANT DANS LE TRIO DE TETE

À ses côtés, les deux vice-gouverneurs, Dieudonné Fikiri (1er vice-Gouverneur) et Willy Pambu Pambu (2e vice-Gouverneur), conservent leurs fonctions, assurant une certaine continuité dans la gestion opérationnelle de la banque.

Toutefois, les attentes envers le nouveau gouverneur sont élevées. «La nomination d’André Wameso est un signal fort, mais il devra prouver que la BCC peut être à la fois indépendante et efficace», estime un banquier congolais.

Dans les prochaines semaines, tous les regards seront tournés vers les premières décisions du nouveau gouverneur. Une conférence de presse ou une déclaration officielle clarifiant sa vision serait un premier pas vers une meilleure communication. Par ailleurs, la question du financement des grands projets publics, notamment dans le secteur minier et des infrastructures, sera un test crucial pour évaluer sa marge de manœuvre.

UN MANDAT PROMETTEUR, MAIS SEME D’EMBUCHES

André Wameso arrive à la tête de la BCC avec un atout majeur : la confiance totale du Président de la République. Son expérience en matière de négociations économiques et sa connaissance des dossiers sensibles constituent des atouts indéniables.

Cependant, le véritable défi consistera à transformer la Banque Centrale du Congo en une institution plus ouverte, plus réactive et plus proactive dans la stabilisation de l’économie congolaise. Dans un contexte international marqué par l’incertitude et des défis financiers croissants, sa capacité à maintenir le cap sera déterminante pour l’avenir économique du pays.

BENNY LUTALADIO

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