Lors du briefing de presse organisé le week-end dernier par le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, en collaboration avec son homologue de la Santé publique, Roger Samuel Kamba, la question crucial du paiement des salaires des agents et fonctionnaires de l’État résidant dans les zones sous contrôle des rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise, a été abordée. Ce sujet a suscité un vif intérêt en raison de la situation instable et des défis significatifs auxquels ces agents font face.
Pour le porte-parole du gouvernement, ces événements tragiques n’entravent en rien les responsabilités de l’État.
“Il faut considérer que c’est une situation temporaire et que tous les fonctionnaires, tous les médecins, ce sont d’abord des Congolais. Il y a donc un travail qui est en cours au niveau de tous les ministères, parce qu’il faut analyser les différentes conséquences. Nous ne pouvons pas nous priver de notre devoir de prendre en charge nos populations. Ce n’est pas parce qu’il y a des forces rwandaises qui y sont injustement et qui vont quitter bientôt que nous allons nous dire : voilà, nous laissons notre population entre les mains de leurs bourreaux ? », s’est interrogé Patrick Muyaya
De plus, le porte-parole du gouvernement, Suminwa, a vivement souligné que ceux qui occupent ces territoires illégalement avec l’appui du Rwanda ne peuvent en aucun cas être considérés comme des compatriotes.
« Comment pouvez-vous imaginer que ceux qui sont venus il y a quelques jours avec des chars dans une violence horrible et qui ont tué des personnes innocentes, des personnes sans armes, des bombes sont tombées, des hôpitaux ont été touchés, la DGM a perdu deux cadres ? On ne peut pas dénombrer chaque histoire, de chaque Congolais qui a été éprouvé. Et dans une ville comme celle-là, vous les bourreaux, vous prenez ceux-là pour des frères, membres de famille de ceux qui ont été tués, exécutés, qui viennent nettoyer le sang. Vous imaginez l’horreur ? (NDLR : Salongo de la ville de Goma initié par la coalition M23-AFC-RDF? », a-t-il renchéri
Le ministre de la Santé publique a affirmé que le non-paiement de ces fonctionnaires constituerait une forme de sanction à leur encontre.
« Il ne faut pas une double peine. Nos prestataires ont déjà une première peine imposée par les bourreaux. On ne va pas leur imposer une deuxième peine en leur disant qu’on ne vous paie plus parce que vous êtes dans cette zone. Au contraire, ça reste notre pays. Vous imaginez des médecins qui travaillent 24h/24 avec des blessures chez les civils ? On a 19 chirurgiens en tout, et vous allez venir leur dire qu’on ne vous paie plus ? », a soutenu Samuel Roger Kamba, ministre de la Santé publique, Hygiène et Prévoyance sociale
La rébellion du M23, soutenue activement par le régime de Paul Kagame, ne cesse d’étendre son emprise sur la province du Nord-Kivu, saisissant une portion considérable de la ville de Goma ainsi que plusieurs localités stratégiques dans les territoires de Rutshuru, Masisi et Nyirangongo. Cette situation inquiétante a suscité des tensions croissantes dans la région, où la population fait face à des défis sécuritaires majeurs et à des bouleversements sociaux.
Le mouvement M23-AFC-RDF a déjà commencé à établir des structures de gouvernance dans les zones qu’il contrôle, remplaçant progressivement l’autorité de l’État dans ces régions. Des annonces de changements significatifs à Goma ont été faites sous la direction de Corneille Nangaa, ce qui soulève de graves préoccupations concernant l’avenir politique et sociétal de la région. Cette dynamique pourrait entraîner des ramifications non seulement locales, mais aussi régionales, alors que des acteurs internationaux surveillent de près l’évolution de la situation.
Benny LUTALADIO