Patrick Muyaya Katembwe, ministre de la Communication et Médias, porte-parole du Gouvernement, a vivement répliqué aux déclarations du président rwandais Paul Kagame, qui a remis en question l’Accord de paix signé le 27 juin 2025 entre la RDC et le Rwanda. Qualifiant ses propos de «désespérés», Patrick Muyaya accuse Kagame de mentir sur l’implication du Rwanda dans l’Est de la RDC et lui renvoie l’image d’un régime autoritaire, loin des valeurs démocratiques incarnées, selon lui, par le Chef de l’Etat, Felix Tshisekedi. Une passe d’armes verbale qui risque de fragiliser un accord déjà sous tension.
Le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya, a vivement réagi aux déclarations du président rwandais Paul Kagame qui a remis en cause les fondements de l’Accord de paix signé le 27 juin à Washington entre la République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda. Vendredi, lors d’une conférence de presse à Kigali, Kagame a surpris en lançant une offensive médiatique, semant le doute surl’engagement de son pays dans cet accord historique.
UN REVIREMENT INATTENDU
Alors que les deux pays, représentés par leurs ministres des Affaires étrangères, venaient de sceller un accord censé apaiser les tensions dans l’Est de la RDC, les propos de Kagame ontjeté un froid. «Quelle mouche l’a piqué ? », s’interrogent les observateurs, tant ses déclarations contrastent avecl’esprit de compromis affiché jusque-là. Interrogé sur les ondes de Radio Okapi, Patrick Muyaya a livré une analyse sans concession des récen-
tes sorties du chef d’État rwandais. «À mon avis, ses propos traduisent plutôt un certain désespoir», a-t-il es-timé. «Ses mensonges répétés commencent à toucher à leur fin. Comment peut-on constamment nier les activités illicites dans l’Est de la RDC alors que nous avons signé un accord ? On ne signe pas un tel texte si l’on n’est pas impliqué dans le conflit.»
Le porte-parole a également ironisé sur la légitimité de Kagame à donner des leçons en matière de démocratie : « Est-ce que le président rwandais peut vraiment parler de démocratie ? Peut-il parler du respect des droits de l’homme? », a-t-il lancé, rappelant les critiques récurrentes sur l’absence du pluralisme politique au Rwanda.
KAGAME INVITE A S’INSPIRER DE TSHISEKEDI
Muyaya s’est étonné de l’obsession persistante de Kagame pour les affaires con-golaises, alors que le Rwanda fait face à ses propres défis politiques. «S’il est si intéressé par la politique en RDC, il pourrait s’inspirer du modèle du président Félix Tshisekedi », a-t-il suggéré, soulignant la stabilité institutionnelle et le pluralisme en vigueur en RDC.
«Dans un pays où les élections se tiennent régulièrement, où il y a une pluralité d’opinions et de médias, on ne peut pas accepter des leçons venant d’un régime qui bafoue ces principes », a-t-il martelé. Et de renchérir : «Nous refusons de descendre dans la boue. Quand ils volent bas, nous, nous volons haut.»
L’ESPRIT DE L’ACCORD EN DANGER ?
Le porte-parole a conclu en appelant au respect des engagements pris à Washing-ton. «Ce que l’on attend de Kagame, ce ne sont pas des propos qui sapent l’esprit de l’accord, mais des actes concrets en faveur de la paix », a-t-il insisté.
Alors que la région retient son souffle, la balle est désormais dans le camp de Kigali. Les prochains jours diront si les déclarations incendiaires de Kagame étaient une simple manœuvre de diversion ou le signe d’un d’un véritable reniement des engagements pris.
MAP/RDC