Selon Africa Intelligence, Kinshasa s’apprête à conclure un « deal » avec Washington

Plusieurs responsables congolais feront prochainement le déplacement outre-Atlantique pour poursuivre les négociations d’un accord bilatéral. La signature de celui-ci est prévue, en même temps que celle de l’Accord de paix entre la RDC et le Rwanda, lors d’une cérémonie à la Maison blanche, entre fin août et début septembre.

Une délégation de haut niveau du pouvoir congolais est attendue fin juillet à Washington, pour discuter des modalités du futur accord bilatéral avec l’administration de Donald Trump. Présenté comme un « partenariat stratégique » entre les deux pays, ce texte doit permettre de définir le cadre de futurs investissements américains en RDC. Ceux-ci se concentreront pour l’essentiel sur le secteur des minerais critiques, mais aussi sur plusieurs projets prioritaires d’infrastructures, à l’instar des méga-barrages du Grand Inga et du corridor de Lobito – une ligne ferroviaire de 1.700 km reliant l’Angola au sud-est de la RDC, dans la province minière du Lualaba – un projet soutenu par l’ancienne administration de Joe Biden à travers la « US lnternational Development Finance Corp (DFC) ».

La délégation congolaise dépêchée à Washington sera chapeautée par l’envoyé spécial de Félix Tshisekedi, Patrick Luabeya, désormais le point focal de la RDC dans les discussions avec la partie américaine. Il sera accompagné du Directeur adjoint de cabinet du Chef de l’Etat chargé des questions économiques et financières ainsi que du Directeur général du Cadastre minier (CAMI), Paul Mabolia Yenga, et du président du Conseil d’administration de l’entreprise publique minière Gécamines, Guy-Robert Lukama. Des experts issus du secteur privé, mandatés pour assister le pouvoir congolais, compléteront la délégation. C’est le cas de l’avocat Pascal.

Côté américain, les négociations associent le Département d’État, par l’intermédiaire du conseiller spécial aux Affaires africaines, Chris Kulukundis, la DFC, représentée par son directeur des investissements et chef de cabinet, Conor Coleman, et le conseiller spécial de Donald Trump pour l’Afrique, Massad Boulos, qui fait le relais avec la Maison blanche.

La DFC en maître d’œuvre

Pour mettre en œuvre son accord bilatéral avec Kinshasa, l’administration américaine a convenu de s’appuyer en particulier sur la DFC. C’est elle qui sera chargée de structurer, sécuriser, voire de cofinancer les investissements américains en RDC, en collaboration avec les entreprises privées. Plusieurs d’entre elles ont d’ores et déjà fait montre de leur intérêt, à l’image de la société californienne KoBold Metals qui lorgne le gisement de lithium de Manono (province du Tanganyika), ou encore d’America First Global, cofondé par l’homme d’affaires Gentry Beach, qui ambitionne d’acquérir la mine de coltan de Rubaya (province du Nord-Kivu), l’une des plus importantes au monde, passée sous contrôle du mouvement rebelle M23.

En privilégiant la DFC, les deux parties cherchent à canaliser les investissements par l’intermédiaire d’une seule entité. Une logique d’intégration destinée à éviter les initiatives opportunistes d’acteurs privés peu scrupuleux qui chercheraient à se positionner dans le partenariat entre les deux pays. La création d’un « special-purpose vehicle » (SPV. un véhicule d’investissement chargé de la gestion des projets et de la levée des fonds) est également envisagée, mais ses modalités demeurent floues.

Malgré l’ampleur de la tâche. Washington et Kinshasa doivent aller vite pour finaliser leur accord bilatéral, qui s’ajoutera à celui déjà en cours de négociation entre les États-Unis et le Rwanda. Les deux deals seront actés lors d’une cérémonie à la Maison blanche en présence de Donald Trump. Félix Tshisekedi et Paul Kagame.

Une fenêtre de tir serrée

À cette occasion, les trois chefs d’État apposeront leur signature sur l’accord de paix entre Kinshasa et Kigali, déjà paraphé fin juin par les ministres congolais et rwandais des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner et Olivier Nduhungirehe.

Prévue initialement en juillet à la résidence présidentielle américaine, cette cérémonie devrait finalement avoir lieu entre fin août et début septembre. La rencontre pourrait ainsi advenir après la finalisation des négociations en cours à Doha entre Kinshasa et le M23 pour un accord de paix, et avant l’organisation de la Conférence humanitaire que cherche à organiser la France. Paris veut tenter de répondre à la crise dans l’Est de la RDC pour se repositionner diplomatiquement sur l’échiquier des Grands Lacs.

Avec Africa Intelligence

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