Dans un pays où les fractures territoriales restent profondes et les attentes locales souvent déçues, la démonstration d’un État bâtisseur prend un relief particulier. À Kolwezi, métropole minière stratégique du Lualaba, Félix Tshisekedi a inauguré ce 9 juin une série d’infrastructures symboliques, prélude à une séquence politique majeure : l’ouverture, ce mardi, de la 12ᵉ Conférence des gouverneurs et la tenue le vendredi du Conseil des ministres en terre provinciale. Derrière les images léchées des chantiers livrés, le chef de l’État joue une double carte : réaffirmer la prééminence du pouvoir central sur les provinces et restaurer la confiance dans l’action publique. Une équation délicate à l’heure où le débat sur la redistribution des richesses minières agite les territoires.
En choisissant Kolwezi, cœur battant de la ceinture cuprifère congolaise, pour entamer une nouvelle mission d’itinérance présidentielle, le chef de l’État Félix Tshisekedi a voulu envoyer un message clair : l’État central entend demeurer l’architecte du développement et le garant de l’unité du pays.
À peine arrivé lundi 9 juin dans la capitale provinciale du Lualaba, accompagné de son épouse Denise Nyakeru, le président a aussitôt procédé à l’inauguration de plusieurs infrastructures d’envergure, symboles d’un volontarisme politique assumé. Sur le quartier de Joli Site, le ruban tricolore a été coupé devant trois réalisations majeures : le Village des Congrès, centre international de conférences destiné à accueillir les grandes rencontres minières et économiques du continent ; la Salle polyvalente du gouvernorat ; et deux nouveaux bâtiments administratifs du gouvernement provincial.
La gouverneure Fifi Masuka, hôte de la cérémonie, n’a pas manqué de rappeler les engagements pris par le chef de l’État lors de sa dernière visite dans la province. « La ville s’adapte désormais à la croissance industrielle du Lualaba », a-t-elle salué, en soulignant l’ambition de faire du Village des Congrès un espace capable de rivaliser avec les grands forums tels que le Mining Indaba ou l’African Mining Week.
Le complexe comprend un amphithéâtre de 1 500 places, des espaces techniques, un motel haut de gamme et des bureaux modernes. La Salle polyvalente, elle, vise à renforcer les capacités d’accueil institutionnelles locales. Quant aux nouveaux bâtiments du gouvernorat, ils accueilleront les services essentiels de l’exécutif provincial.
Une tournée aux enjeux multiples
Cette première journée a donné le ton d’une visite présidentielle dense, qui se prolongera jusqu’au 13 juin. Elle coïncide avec l’ouverture de la 12ᵉ Conférence des gouverneurs, moment clé du dialogue entre l’exécutif central et les 26 provinces du pays.
Dans un contexte national marqué par des tensions autour de la décentralisation, de la répartition des richesses minières et de la gouvernance locale, cette séquence politique n’a rien d’anodin. La tenue de la 47ᵉ réunion du Conseil des ministres à Kolwezi renforcera encore la portée de ce déplacement, tout comme les nombreuses audiences prévues avec la société civile et les forces vives locales.
« Le président veut s’assurer de l’effectivité de ses décisions dans les territoires et mesurer l’impact réel de sa politique publique », glisse un conseiller présent dans la délégation. L’inauguration du nouvel aérogare de l’aéroport de Kolwezi, la livraison d’un échangeur routier et d’importants chantiers de voirie, ainsi que la modernisation d’établissements hospitaliers, illustrent ce souci de rendre visible l’action de l’État.
Une stratégie de proximité assumée
Depuis le début de son quinquennat, Félix Tshisekedi fait de ces missions d’itinérance un outil politique majeur. Elles visent à renforcer le lien direct entre Kinshasa et les provinces, dans un pays où le sentiment de marginalisation territoriale reste vif.
À Kolwezi, cette démarche prend une dimension stratégique particulière. La province du Lualaba, riche en cuivre et en cobalt, demeure un moteur clé de l’économie congolaise, mais aussi un foyer de revendications sur la redistribution des revenus miniers.
En foulant de nouveau le sol du Lualaba, le président envoie un double signal : réaffirmer la prééminence du pouvoir central et accompagner la montée en puissance des provinces dans un cadre de gouvernance maîtrisée. Un équilibre délicat, que ce déplacement présidentiel tente de consolider par l’exemple et l’écoute.
MAP/RDC